Sommaire
Contexte
Belle-Ile-en-Mer est une des rares îles à disposer d’un centre d’enfouissement pour les déchets non dangereux, les autres déchets, et notamment les déchets recyclables sont quant à eux transférés sur le continent. Cependant, le dernier casier du centre arrivera à saturation autour de 2020. Même s’il est envisagé de recommencer à stocker les déchets dans le premier casier tassé entre temps, il est nécessaire de réduire les déchets ménagers produits sur Belle-Ile, d’autant plus que la population augmente et que l’île y est obligée réglementairement.
La loi française pour la transition énergétique et la croissance verte a fixé comme objectifs nationaux le recyclage de 55% des déchets ménagers et assimilés d’ici à 2020 et de 65% d’entre eux d’ici à 2025. Les autres objectifs de la loi sont la réduction de 10% de la production de déchets ménagers et assimilés par habitant entre 2010 et 2020 et la réduction de l’enfouissement de 50% entre 2010 et 2025. Belle-Ile-en-Mer a donc mis en œuvre différentes mesures pour se rapprocher au plus près de ces objectifs, compte tenu des contraintes insulaires spécifiques. Après avoir caractérisé le contenu de leurs poubelles en 2015, les gestionnaires à la Communauté de Communes de Belle-Ile-en-Mer (CCBI) ont conclu que seuls 25% des déchets actuels semblent inévitables (CCBI, 2015) et parmi les autres déchets, 30% de déchets organiques pourraient être compostés.
Plus spécifiquement, cela a permis d’identifier que 100 kg/hab/an de déchets fermentiscibles sont déposés dans les ordures ménagères résiduelles, et la moitié de cette quantité pourrait être réduite par la démocratisation du compostage individuel et/ou groupé (CCBI, 2015). Au total, 800 tonnes par an de déchets organiques pourraient être évités.
Présentation des acteurs
La compétence de la gestion des déchets à Belle-Ile-en-Mer revient à la Communauté de Communes de Belle-Ile-en-Mer. Afin de diriger le programme local de prévention des déchets de l’île, un comité de pilotage a été constitué avec les écoles, les habitants, les professionnels et les associations, ainsi que les élus et les techniciens de la CCBI. Ils ont décidé d’environ 80 mesures pour la prévention des déchets sur l’île qui permettrait de réduire le volume total de déchets de 66 kg par habitant d’ici 2020 (CCBI, 2015b). Le comité se réunit ensuite deux fois par an pour suivre la progression du programme et définir d’éventuelles mesures complémentaires.
Type de structure ou de mesure et les thématiques concernées
« Service public » du compostage individuel : encouragement et accompagnement au compostage des usagers sur Belle-Ile à travers la fourniture d’équipements, des formations, un suivi…
Description de la méthode
Durée
L’accompagnement au compostage individuel est mis en œuvre depuis 2016.
Périmètre d’action
Sur toute l’île, des mesures sont mises en place à destination des habitants et des restaurateurs.
Détails sur les structures ou sur les mesures mises en œuvre
La CCBI met à disposition gratuitement des composteurs pour les foyers non équipés qui le souhaitent, à condition de suivre une formation à domicile d’une heure au compostage auparavant.
Des composteurs sont également distribués aux restaurateurs qui le désirent.
Le compost est ensuite réutilisé directement sur le terrain des particuliers ou des restaurateurs. Certains habitants secondaires n’utilisent d’ailleurs pas leur compost, qui au bout de deux ans s’incorpore à la terre.
De plus, la CCBI a organisé une journée compostage avec des guides composteurs et le public. Les guides composteurs sont des personnes formées au compostage qui peuvent ensuite aider leurs pairs.
Une phase de suivi, détaillée ci-dessous, accompagne ces mesures.
Résultats observés ou attendus
En 18 mois, 250 personnes ont été formées et accompagnées dans le compostage, incluant à la fois des personnes qui avaient déjà mis en place un compost mais avaient eu des difficultés et de nouvelles personnes (comm.pers. Besnier).
Chaque année, les volumes enfouis sur Belle-Ile diminuent. La production de déchets qui était au-dessus des 700 kg/hab/an est redescendue à 680 kg/hab/an en 2015 (CCBI, 2015). Il est cependant difficile de savoir si cette réduction est imputable au compostage, au report en déchèterie, à une diminution des travaux sur l’île… Il serait donc nécessaire de faire une nouvelle caractérisation des déchets pour mesurer si les déchets fermentiscibles dans les poubelles ont diminué et représentent moins de 30% de la poubelle.
Moyens employés
Partenaires associés ou similaires
Belle-Ile-en-Mer participe au programme français Zéro déchets, zéro gaspillage qui lui permet de recevoir des financements de l’ADEME.
La CCBI missionne également le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) pour conduire des actions innovantes de sensibilisation.
Moyens mis en œuvre
Du point de vue financier, à travers le programme Territoire zéro gaspillage, le financement de l’ADEME permet à la fois de prendre en charge 75% du salaire de l’animateur à temps plein sur l’île et 100% de la mise en place de différentes actions, ainsi que 70% des actions de communication (comm.pers. Besnier). L’ADEME offre également un soutien technique aux actions de la CCBI.
En 2016, 24 formations au compostage mobilisant 1 animateur ont coûté 6000 euros (CCBI, 2015c). De plus, le CPIE a été mobilisé pour 2000 euros pour la tenue d’une formation de guides composteurs (comm.pers. Danieau)
Suivi mis en œuvre
L’aspect innovant de cette méthode consiste en le suivi régulier des particuliers qui ont adopté un composteur. Après l’installation et la formation initiales au compostage, l’animateur se rend environ tous les deux à trois ans à domicile pour suivre la bonne utilisation du compost, via un questionnaire notamment. Lors de ces suivis à Belle-Ile, ils se sont rendus compte que les usagers adaptaient l’usage de leur compost aux conditions : par exemple, des rats sont présents sur l’île et la viande mise dans le compost les attire, ce qui fait que certains usagers ne mettent plus de viande. Ces adaptations sont bénéfiques comme elles permettent aux usagers de s’approprier le compost et de continuer à l’utiliser dans la durée (comm.pers. Danieau).
Pour les restaurateurs, le retour de l’un d’entre eux montre que tous les déchets du restaurant peuvent être compostés (comm.pers. Danieau).
Retours d’expériences
Justification du choix de la méthode
Les actions autour du compostage peuvent permettre de réduire jusqu’à 30% les déchets enfouis sur l’île et du fait de la nature rurale de l’île (grands terrains et jardins) sont accessibles à une majorité d’habitants (CCBI).
Eléments de présentation du site
Facteurs clés de succès et d’échecs
Différentes opportunités et freins ont été identifiés à Belle-Ile concernant la gestion des déchets (CCBI, 2015b) : la présence de grandes maisons offre un espace pour trier et composter ; le tissu associatif dense est un relais important des bonnes pratiques ; les services publics importants se doivent d’être exemplaires ; l’existence de différents labels et la gestion de nombreux espaces naturels entretient une sensibilité aux enjeux environnementaux. Du côté des freins, la saisonnalité implique de nombreux usagers à sensibiliser ; de même du fait du tourisme et des nombreuses résidences secondaires, la présence de certains usagers est épisodique ; le caractère insulaire implique des coûts de transport plus élevés ; de même la présence de ports et d’espaces agricoles implique des déchets spécifiques ; enfin l’existence de terrains pour camper et de mouillages peut entraîner des dépôts sauvages.
Les avantages de cette méthode résident principalement dans la conduite d’un suivi des usagers. Cela permet notamment d’éviter la revente des composteurs par les particuliers. De plus, l’accompagnement des usagers composteurs par des acteurs avec une influence locale, comme le CPIE, ou par leurs pairs, comme les guides composteurs, permet une action plus efficace. (comm.pers. Danieau)
En conclusion, les facteurs de succès principaux sur Belle-Ile selon les gestionnaires sont la gratuité des actions et le suivi des utilisateurs.
Les facteurs d’échec sont quant à eux le manque de temps et de bonne volonté de certains usagers et professionnels, comme pour la diffusion difficile d’une vidéo sur la gestion des déchets à Belle-Ile dans les navettes de bateau ou le tri des déchets par certains restaurateurs. De plus, sur une île très touristique et avec de nombreux résidents secondaires, ils ont pu observer un phénomène de tri hors domicile, où quand un individu se trouve hors de chez lui, il oublie les bons réflexes de tri. Il faut donc être vigilant face à ce dernier point.
(comm.pers. CCBI)
Enfin, en perspectives, de moins en moins de personnes assistent aux formations de compostage, une de prochaines pistes de la CCBI est donc d’aller les rencontrer directement en déchèterie pour les sensibiliser à la diminution des déchets.
Localisation du site
(carte de localisation par rapport au continent et archipel si existant et description)
Ile située dans le département français du Morbihan, au large de Quibéron.
Il s’agit de la plus grande des îles bretonnes. Elle est membre de l’Association des Iles du Ponant.
Superficie
(terrestre et zone d’usage maritime ou protection en km2)
84 km²
Nombre d’habitants
A l’année (date et source, plusieurs chiffres si évolution): 5249 habitants
Saisonnier (date et source, plusieurs chiffres si évolution): 40 000 habitants l’été, les résidents secondaires représentant 65% des habitants.
Flux de visiteurs sur le site
Touristes (période haute et basse et comparaison par rapport au continent, à l’archipel): 365 000 visiteurs annuels
Usagers (pêcheurs, artisans …): Plaisanciers, agriculteurs
Autres
Accessibilité du site
Capacité d’accueil (fréquence des liaisons aériennes et maritimes, capacité de transport de personnes sur navettes et noms des compagnies (privées/publiques), infrastructures d’accostage, d’accueil…): 15 km du continent. 5 rotations minimum par jour (jusqu’à 20 en saison) entre Le Palais et Quiberon. 2 ports. 800 mouillages.
Autorisations pour débarquer (si oui, délivrées par qui ?): Ile librement accessible depuis le continent français.
Descriptif topographique et climatique
Morphologie, topographie terrestre et maritime:
Pas de nappes phréatiques sur l’île, mais des puits et fontaines.
Point culminant à 71 m, moyenne de 40 m.
Climat et précipitations (description): Pluviométrie de 688 mm d’eau par an.
Contraintes et risques (risques naturels ou industriels présents sur le site et ses alentours…): Tempêtes
Statuts de protection
(Parc National, AMP, classement Patrimoine Mondial de l’UNESCO, sites classés)
350 hectares détenus par le Conservatoire du Littoral, 350 hectares détenus par le Conseil Général du Morbihan, 17 312 hectares (dont 24% à terre) de sites Natura 2000
Gouvernance du site
(publique, privée, gestionnaire, découpage administratif…)
120 villages, 4 communes, 1 communauté de communes.
Gestion des espaces naturels par la Communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer.
Développement du site
(précision des filières génératrices de revenus, IDH…)
Tourisme (qui représente plus de 80% du PIB de l’île) ; plus de 30 exploitations agricoles sur l’île ; 12 bateaux de pêche en activité ; bâtiment qui représente 13% des emplois.
Personne(s) ressource(s) et interrogée(s) pour cette fiche
Institution: Communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer
Fonction: Responsable Déchets Ménagers et Assimilés
Nom Prénom: BESNIER Florian
Mail: dechets-eau@ccbi.fr
Disponibilité et langue(s) parlée(s) (A distance, expertise sur le terrain…): Français
Institution: Communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer
Fonction: Animateur du Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés
Nom Prénom: DANIEAU Benoît
Mail: prevention.dechets@ccbi.fr
Disponibilité et langue(s) parlée(s) (A distance, expertise sur le terrain…): Français
Réferences bibliographiques
Intitulé du document: Rapport annuel 2015 sur le Prix et la Qualité du Service public de la gestion des Déchets Ménagers et Assimilés
Rédacteur(s) et partenaires: CCBI
Date et nombre de pages: 2015 – 46 pages
Intitulé du document: Programme local de prévention
Rédacteur(s) et partenaires: Service déchets ménagers et assimilés CCBI
Date et nombre de pages: 2015b – 35 pages
Intitulé du document: Programme local de prévention : Réduire l’enfouissement
Rédacteur(s) et partenaires: CCBI
Date et nombre de pages: 2015c – 38 pages
Fiche(s) reliée(s)
Actions de réduction des déchets à enfouir à Belle-Ile-en-Mer.